Rennes : des animaux légendaires dans nos rues ?

Vous ne vous doutez sûrement pas, en flânant dans les ruelles de Rennes, qu’il y a quelques siècles d’étranges habitants auraient partagé la vie des citadins… Qui sait, peut-être que d’autres ont pris leur place, sans qu’on ne les ait remarqués ?

Le crapaud de la Vilaine

Au XIIIe siècle, on repère un batracien peu commun dans les eaux troubles du fleuve…

Je ne vous parle pas là d’une grenouille inoffensive mais bien d’un crapaud pour le moins imposant. Ayant établi ses quartiers à la hauteur du Jardin de la Confluence, il impressionne par sa taille et sa force. Effectivement, il est décrit comme suit : trois fois plus gros qu’une vache, trois fois plus fort qu’un bœuf et doté d’un venin mortel. 

Cependant, et malheureusement pour lui, cela n’est pas bon pour les affaires du roi Louis IX. Celui-ci se trouve contrarié dans son projet de canal. Mais un roi ne va pas se laisser marcher sur les pieds par un vulgaire animal gluant ! Afin de régler le problème, il ordonne la construction d’un calvaire à l’endroit où trône aujourd’hui la Croix de la Mission. Une décision efficace puisque plus personne ne revit jamais le crapaud.

Le Jardin de la Confluence est aujourd'hui un lieu populaire à Rennes.
Jardin de la Confluence – Destination Rennes

Le serpent de Saint-Georges

Au XIe siècle, c’est une autre bestiole qui fait la terreur des Rennais. Un gigantesque serpent abrité au fond d’un gouffre semble se plaire ici. L’ennui ? Il ne peut pas rester éternellement dans son trou. Lorsqu’il va se désaltérer dans le fleuve où vivra quelques siècles plus tard notre crapaud, il détruit tout sur son passage. 

Cela aurait pu durer longtemps, si un héros discret, chevalier anonyme, ne s’était pas chargé de terrasser l’ennemi public. Les Rennais sont alors persuadés que leur sauveur n’est autre que Saint-Georges. En remerciement, ils élèvent une abbaye à l’endroit de la mise à mort ; l’édifice sera détruit au 19e siècle et remplacé par le Palais Saint-Georges

Le Palais Saint-Georges à Rennes et son jardin verdoyant.
Palais Saint-Georges – Flickr

Le loup-garou de Saint-Étienne

Quittons ces créatures pour plonger en 1825. Non loin de l’église Saint-Étienne, utilisée à cette époque par l’armée, une sentinelle hurle au loup-garou. Très vite, les bruits courent les rues pavées de Rennes ; il semblerait qu’à minuit, quotidiennement, la bête apparaisse…

La rumeur n’est pas tellement étonnante, les loups étant encore très présents en Bretagne à cette époque, nourrissant les frayeurs lycanthropes. Au XVIe siècle, on aurait même jugé un de ces monstres au Parlement

À Noël 1825, sous la pleine lune, notre loup-garou se montre de nouveau. Cependant, la sentinelle de cette nuit prend son rôle très au sérieux et charge l’intrus à la baïonnette. En une poignée de secondes, l’assaillant s’effondre. On récupère alors, gisant sur le pavé, un jeune garçon de 16 ans, à qui quelques amusements auront coûté la vie.

L'église Saint-Étienne, située à Rennes, a servi de magasin pour l'armée.
Église Saint-Étienne – Google Maps

Alors, qu’en pensez-vous ? Ces quelques récits, mêlant admirations et terreurs populaires, sont le reflet d’une époque à laquelle la frontière entre réalité et mythe restait floue. Aujourd’hui encore, les croyances bretonnes ont la vie dure, et le folklore local nous invite à plonger à la découverte du passé.